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La Cave du Théâtre
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16 septembre 2023

Soirées Chablis (15 et 22/09)

Soirées Chablis

carte chablis

La plupart des informations suivantes proviennent de l'excellent site monocépage.com : http://monocepage.com/concept-des-chablis/

 

 

Située au Nord de la Bourgogne, dans l'Yonne, l'AOC Chablis bénéficie d'un climat très froid et humide. L'AOC Chablis a été aggrandie au fil du temps, jusqu'à atteindre 6800 hectares (103 en Grands crus, 735 en Premiers crus, 4400 en Chablis ! et "seulement" 1550 en Petit chablis).

 

Chablis est une AOC très "mécanisée", avec un bon espacement entre les rangs (densité à 5 500 pieds/ha minimum), des vignes palissées taillées le plus souvent en guyot double (14 yeux par pieds maximum), des rendements autorisés élevés (60hL/ha en Chablis avec un butoir poussé à 70hL certaines années, 54hL/ha butoir à 64 en Grand cru) et un taux d'alcool minimum autorisé très bas (10° en Chablis, 11° en Grand cru). La chaptalisation y est bien sûr autorisée.

 

 

Géologie

roche chablis

 

Deux types de roches composent les sols chablisiens : le calcaire du Barrois de l'ère Portlandienne (en haut) et le fameux calcaire à exogyra virgula "fossiles d'huîtres" de l'ère Kimméridgienne. La première repose sur la seconde en suivant une pente de 2à3%. Si bien qu'au sud de l'AOC on trouve principalement du kimméridgien, au nord de l'AOC du Portlandien. Quant au secteur central (celui des premiers crus et grands crus), la vigne est plantée dans du Portlandien allant de 35cm à 1m environ, avec en-dessous une roche mère kimméridgienne. Or, nous savons aujourd'hui que ce sont bien dans les premières dizaines de centimètres que tout se joue : "Une autre idée reçue doit être mise en perspective : l'origine des nutriments dont le cep a besoin. Dans la roche mère les minéraux ne sont pas immédiatement disponibles pour les racines... Le microbiote et le complexe argilo-humique jouent alors un rôle clé dans le biodisponible de ces éléments pour la plante. Ce dernier est un peu le coffre-fort" (Mille Vignes, Pascaline Lepeltier). Bref, la légende du chablis kimméridgien est en bonne partie usurpée.

 

 

D'où provient alors ce fameux arôme "coquille d'huître" toujours associé à Chablis ? D'abord, de notre cerveau, car nous avons été conditionné depuis de nombreuses années à appeler un certain arôme "coquille d'huître". Mais conditionné par quoi/qui ? Il faut bien comprendre que sur cette grande AOC, l'INAO a longtemps eu beaucoup de vin à vendre, ce qui était loin d'être évident à une époque où les vins étaient très acides, maigres, en sous-maturité, parfois sans malo... Si le Muscadet avait pour lui la proximité de la mer pour l'accord huître/citron, le Chablis devait trouver une justification pour cet accord facile. Avec ces petits fossiles dans le sous-sol, l'accord sur le "pont aromatique" était une aubaine. Et voilà qu'on forme les futurs vignerons, les sommeliers, les consommateurs... à cette légende pendant que l'on vend sur toutes les tables parisiennes puis du monde entier du Chablis avec les douzaines d'huîtres. Demandez à un Raveneau si ses belles cuvées s'accordent bien avec l'huître ! Sancerre, par exemple, tout aussi kimméridgien n'a pas pu bénéficier de la même "typicité de son AOC" (heureusement, le silex fera bien l'affaire !). Ensuite, comprenons bien aussi que le goût particulier que l'on trouve parfois à Chablis commuément appelé "coquille d'huître" n'est guère étonnant pour un chardonnay sur climat froid, dans un sol calcaire, donc issu de sédiments marins...

 

Heureusement pour la qualité des vins de Chablis, dans les années 1980, deux domaines précurseurs, Raveneau et Dauvissat, ont eu l'ambition de montrer que de grands vins pouvaient être issus de ces terroirs, à condition de limiter les rendements, de vendanger à la main, de travailler les sols, de rallonger les élevages, de passer les vins en fûts, de faire les malos... Ils sont désormais suivis par une nouvelle génération de vignerons très talentueux.

 

 

Les expositions

 Ce n'est donc pas vraiment la géologie qui distingue les différentes parcelles du centre du village (attention tout de même aux différences géologiques entre les bas et hauts de coteaux), mais plutôt les expositions. Ce qui ne veut pas dire qu'un climat possède une homogénéité dans son exposition ici (voir le cas de Valmur par exemple). Globalement, la rive droite du Serein est exposée Ouest Sud-Ouest et bénéficie donc du soleil chaleureux du soir, alors que la rive gauche orientée Est Sud-Est bénéficie de la lumière plus fraîche du matin. Les grands crus sont donc en règle générale plus solaires et plus opulents que les premiers crus de la rive gauche. Les vallées possèdent souvent un "adroit" et un "envers", l'envers étant souvent trop dans l'ombre et "déclassé en simple" Chablis.

 

chablis expositions

 

 

 

 Soirée n°1

1 Moreau Christian & Fabien, Chablis 1er cru Vaillons 2017 : (assemblage de plusieurs climats du regroupement Vaillons. Elevage cuves et fûts) Couleur or pâle, joli nez, classique, fruits jaunes, notes minérales, floral. Bouche qui combine un léger gras confortable à l'attaque puis s'étire ensuite grâce à une belle acidité sur des des notes d'agrumes, avec une finale assez longue et salivante. On commence très bien.

vaillons et montmains

 

 

2 Vocoret Yvon & Laurent, Chablis 1er cru Fourchaume 2017 : (élevage cuves. Vignes sur Fourchaume même) Couleur qui tire sur le doré, nez plus mûr que le précédent, presque sur la mangue, la goyave, on sent le terroir plus solaire. La bouche est un peu plus simple avec moins de fond et de longueur.

 

3 Grossot Corinne & Jean-Pierre, Chablis 1er cru Mont de Milieu 2017 : (élevage cuves) Couleur or pâle, nez proche du Vaillon de Moreau, fruits jaunes... Bouche plus en tension, un peu moins de gras à l'attaque, semble du coup un peu plus minéral, jolie longueur pour un premier cru.

 

4 Dauvissat Vincent, Chablis 2012 : (élevage fûts) Couleur guère plus évoluée, nez très minéral, la fameuse "coquille d'huître", un peu croûte de fromage, miel. Bouche toute en tension, encore jeune, énergique, pas un gros volume, mais une finale vraiment salivante, qui porte le vin très loin, très digeste et très fraîche, impressionnante pour le niveau d'appellation. Un vin pile à point, pas le plus complexe, mais celui qui offre le plus de plaisir.

 

5 Raveneau Bernard & Jean-Marie, Chablis 1er cru Butteaux 2016 : (élevage fûts) Couleur un peu plus dorée, nez un peu plus mûr, petite touche d'élevage, plus jeune. Bouche avec plus de volume, léger gras à l'attaque, plus d'opulence, plus de complexité, la trame minérale est bien là dans le fond, beaucoup de longueur, encore un peu trop jeune dans l'idéal, comme souvent avec Raveneau, mais la densité est impressionnante. A peine moins de plasir immédiat que le Dauvissat mais plus de potentiel.

 

6 Pattes Loup (Thomas Pico), Chablis 1er cru Butteaux Mise Tardive 2018 : (élevage demi-muis puis cuves) couleur plus foncée, qui tire sur le doré, plus trouble aussi. Nez très typé "nature", réduction sur lies, volatile haute, citron confit, poires mûres, notes de malt/whisky. Bouche très énergique pour 2018, avec du volume, des fruits mûrs, du citron confit, portée loin par une volatile élevée. Un style très différent des autres, on adore ou on déteste.

 

7 Bessin Jean-Claude & Romain, Chablis Grand cru Valmur 2013 : (élevage cuves et fûts. Vignes dans l'envers de Valmur, la partie fraîche) Couleur dorée, nez qui semble bien mûr. La bouche semble un peu alcooleuse, manquant d'acidité. Il semble avoir vieilli un peu vite. Etrange pour cette cuvée sur ce millésime, et pas représentatif de la qualité du domaine

valmur chablis

 

 

8 Droin Jean-Paul & Benoît, Chablis Grand cru Les Clos 2013 : (élevage cuves et fûts) Couleur encore assez claire pour un 2013, très joli nez, à peine fumé/grillé, miellé, fruité. Bouche qui combine un beau volume et des notes minérales, longue et tendue, où on sent plus la fraîcheur de 2013 que l'opulence des Clos. Très belle bouteille pour finir les blancs.

 

9 Lavantureux Roland, Bourgogne Epineuil rouge Les Fauconniers 2020 : Couleur rubis, nez sur la framboise et la pivoine à l'ouverture, puis de plus en plus de fumé voire tabac et cendre, de poivre, de notes animales. Bouche plus sur le fruit que le nez, très juteuse, tannins fins, gourmande et très digeste. On termine bien avec ce joli rouge.

Chablis dauvissat raveneau

 

 

 

 

Soirée n°2

1 Piuze Patrick, Chablis 1er cru Vaillons Les Minots 2021 : couleur or pâle, nez avec un joli fruité et qui semble gourmand pour un 2021, la bouche combine ce fruité avec beaucoup de minéralité et de tension, c'est long et déjà bien en place, très salivant. Ca commence fort.

 

2 Domaine de l’Enclos (Romain & Damien Bouchard), Chablis 1er cru Montmains 2017 : Bien plus coloré, nez plus mûr, pommes au four, ananas. La bouche est plus puissante (1,5% de plus), plus opulente, moins de finesse, mais elle garde une bonne acidité. C'est bon, dans un style opposé au précédent.

 

3 Droin Jean-Paul & Benoît, Chablis 1er cru Montée de Tonnerre 2018 : On revient à une couleur plus claire, un nez plus végétal, presque des notes de buis, agrumes, citron. Bouche minérale, avec un beau volume, qui manque un peu d'acidité sur la finale.

 

4 Pattes Loup (Thomas Pico), Chablis 1er cru Butteaux Mise Tardive 2018 : couleur plus foncée, qui tire sur le doré, plus trouble aussi. Nez très typé "nature", réduction sur lies, volatile haute, citron confit, poires mûres, notes de malt/whisky. Bouche très énergique pour 2018, avec du volume, des fruits mûrs, du citron confit, portée loin par une volatile élevée. Un style très différent des autres, on adore ou on déteste.

 

5 Dauvissat Vincent, Chablis 1er cru Vaillons 2014 : couleur dorée, nez très complexe, croûte de fromage à l'ouverture, mousseron, caillou, puis du fruit, presque de l'ananas. Bouche très tendue, sans enrobage, très minérale, salivante, avec une finale qui claque d'une longueur exceptionnelle.

 

6 Raveneau Bernard & Jean-Marie, Chablis 1er cru Forêt 2014 : couleur assez proche, un nez un peu plus simple, encore sur le fruit, une touche de miel, de beurre, de caillou. Bouche avec plus de rondeur, un peu plus puissante et opulente, un peu d'élevage, mais là aussi beaucoup de longueur, très belle acidité avec du volume autour, à peine moins salivant en finale, on sent qu'il peut encore vieillir très longtemps.

 

7 Bessin Jean-Claude & Romain, Chablis Grand cru Valmur 2013 : couleur qui tire sur l'ambrée, nez très évolué de fruits très mûrs et presque une petite touche oxydative. C'est beaucoup mieux en bouche où le vin a gardé une bonne acidité. Ca reste nénamoins étrange pour cette cuvée sur ce millésime, et pas représentatif de la qualité du domaine.

 

8 William Fèvre, Chablis Grand cru Vaudésir 2008 : couleur bien plus claire que le précédent, nez relativement simple, sur un fruit mûr et miellé. Bouche par contre de grande qualité qui combine volume, tension, pureté, avec une finale très minérale, encore en pleine forme. Merci Bertrand pour la bouteille. 

 

9 Laventureux Roland, Bourgogne Epineuil Les Fauconniers 2020 : Couleur rubis, nez sur la framboise et la pivoine à l'ouverture, puis de plus en plus de fumé, de poivre, de notes animales. Bouche plus sur le fruit que le nez, très juteuse, tannins fins, gourmande et très digeste. Avec l'aération les notes fumées, de tabac voire de cendrier prenent de plus en plus de place.

chablis 2

 

 

Au final, 2 dégustations très intéressantes, avec des vins extrêmement variés dans la même AOC, comme bien souvent... Les quelques participants qui avaient un a priori négatif sur Chablis sont repartis très enthousiastes. Les cadors Ravenau et Dauvissat ont parfaitement tenu leur rang. Mais beaucoup de jeunes domaines n'en sont vraiment plus très loin. Cette appellation, finalement relativement récente (en tout cas dans la recherche de vins qualitatifs) semble en nette progression. On y trouve même de très grands vins, qui n'ont pas à pâlir face à la Côte de Beaune, et l'avenir leur est grand ouvert ! 

 

 

Merci à toutes et tous, et à la semaine prochaine pour les Monts !

 

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17 juin 2023

Soirée pinot ou pas pinot ? (09 et 16/06)

Soirée pinot ou pas pinot ?

 

 

Le concept est simple : 2 équipes, 1 point par bonne réponse (+ quelques bonus...), 1 chance sur 2 de trouver. Et en cas d'égalité : prolongation et mort subite !!!

 

C'est aussi un moyen de travailler sur les "faux frères" du pinot noir : poulsard, cinsault, nebbiolo, sciaccarellu (trousseau, gamay, grenache... auraient pu marcher dans certains cas). Une petite aide a été donnée aux deux équipes avant le début de la rencontre :

 

Le pinot est un cépage clair, acide, avec peu d'alcool et peu de tannins. En théorie bien sûr... Tout est question d'équilibre. Et attention aux pinots des pays chauds, aux millésimes solaires, à certains types de vinificaton... Les cas particuliers sont probablement plus nombreux que les "cas d'école". Exercice donc très difficile, encore une fois ce fut une belle leçon d'humilité.

 

 

fiche technique pinot noir

PINOT NOIR

 

 

Vaccelli - Ajaccio Vaccelli 2019 : (cépage sciaccarellu) Couleur très claire et brillante, aromatique grenadine, anis étoilé, petits fruits rouges. Bouche avec des tannins souples et une bonne acidité mais alcool très présent qui chauffe un peu trop la finale pour du pinot. Tout le monde s'accorde pour partir plus au sud.

 

Bass Philipp - Pinot noir Estate Gippsland (Australie) 2020 : couleur très claire, nez éclatant et un peu sucré, orangette, fraise, framboise. Bouche aux tannins soyeux, avec du corps, fruité éclatant, mais assez solaire par sa sucrosité, on sent bien le 14,2 d'alcool, belle longueur. Très joli vin. Une contrée solaire est majoritairement évoquée.

 

Giulia Negri - Langhe Nebbiolo 2020 : (cépage nebbiolo) Toujours très clair en couleur, petits fruits rouges, anis étoilé, réglisse. Bouche en dentelle, pas beaucoup de corps, fruit très pur, petits tannins qui allongent la finale mais ils restent fins pour du nebbiolo. Personne ne sent que l'alcool est autour des 14 avec cette belle acidité. Très beau piège.

 

Terrasse d’Elise - IGP Hérault Les Hauts de Carol’s 2018 : (cépage cinsault) Couleur à peine plus foncée que les autres, nez qui mêle un fruité de pinot avec quelques épices, réglisse, garrigue, élevage bourguignon légèrement vanillé. Bouche avec un beau volume, tannins soyeux, du fruit, l’alcool ne sent pas, la sucrosité non plus bien équilibrée par l'acidité, aussi une certaine rondeur apportée par l’élevage, très bourguignon pour tout le monde (on entend des Chambolle et autres). Très beau vin.

 

vaccelli negri

 

René Muré - Alsace pinot noir clos st landelain 1999 : Couleur sombre et contours marrons, nez évolué, tertiaire, kirsch, cuir, puis viande fumé, thé noir, poivre, menthol, très complexe, même s'il manque de "fruits frais" bien sûr, un peu rustique, on sent de la grappe entière. Bouche puissante, avec du corps, des tannins, arômes évolués, mais encore beaucoup d'énergie, de volume, structure encore jeune finalement et qui "reprend vie" dans le verre, très viande fumée, cuir, tabac, beaucoup de longueur. Certains vont dans le sud, d'autres évoquent des vieux Chambertin/Corton... Toujours difficile avec ces vins évolués auxquels nous ne sommes plus habitués. Merci Olivier pour la bouteille !

 

Bérêche - Champagne Grand cru Ambonnay pinot noir 2017 : Couleur dorée, nez fruité, mûr, fait un peu plus que son âge (élevage fût et tirage liège ?), coing, ananas, fruits jaunes, bouche opulente, avec du volume, de la largeur, pas une très grosse acidité pour ce producteur, bulle très fine, garde une bonne longueur minérale et crayeuse mais toujours dans un style assez opulent. Beau champagne de gastronomie. L'hésitation était surtout entre pinot noir et pinot meunier.

 

Fumey-Chatelain - Arbois Ploussard 2020 : (cépage poulsard) Couleur la plus claire, beaucoup de gaz à l'ouverture, clairement nature infusé, jus de fruit, peu de matière, léger, acidulé, petite volatile, dans un style simple et facile à boire. Pour beaucoup on sent plus la vinification que le cépage. 

 

Bachelet-Monnot - Maranges 1er cru La Fussière pinot noir 2020 : Couleur très sombre pour un pinot, nez fruits noirs, épices, poivre. Bouche épaisse, concentrée, mûre, encore jeune, un peu de tannins. Le millésime solaire ressort clairement même si on n'est pas très haut en alcool. A attendre mais joli potentiel. Placé sur du gamay ou de la syrah pour beaucoup.

 

Tissot - Macvin du Jura pinot noir : (2018) Couleur très claire, un peu rouillée, avec du dépôt, nez qui fait un peu oxydé au départ, puis marc de raisin bien sûr, kirsch, chocolat. Bouche par contre pleine de fruit, on croque dans une cerise noire, sucre présent mais bien équilibré, très gourmand, reste digeste pour un macvin. Si le nez a dérouté, tout le monde a adoré la bouche. Un OVNI impossible à placer si l'on ne connait pas ce vin. Parfait pour finir sur une note sucrée.

 

fumey chatelain

 

 

Un grand merci à tous les participants qui se sont pris au jeu et qui ont animé la soirée dans la bonne humeur. Des variantes de ce thème sont déjà en cours d'étude ! 

Ainsi s'achève la session de début 2023. Reprise en septembre !!!

 

3 juin 2023

Soirées Terroirs d'Alsace du 12/05 et 02/06

Soirées Les Terroirs d'Alsace

 

 

La grande force de l'Alsace réside sans aucun doute dans la grande diversité de ses terroirs. Roches magmatiques (granit...), sédimentaires (calcaire, grès, argile...) et métamorphiques (schiste...) se partagent cette étroite bande de terre de moins de 10 kms par 120 que forment les collines sous-vosgiennes. D'où la création des "51 Grands crus".

alsace treize sols

 

 

Si l'Alsace est la région la plus septentrionale de France, elle n'en est pas pour autant la plus froide. Protégé par les Vosges et sous l'influence de "l'effet de Foehn", le vignoble alsacien connait des étés très ensoleillés avec une pluviométrie très faible.

effet de foehn alsace

 

 

Afin de comprendre l'importance des différents terroirs, les deux soirées dégustation étaient centrées sur le secteur de Colmar et sur deux cépages, avec l'emblématique riesling (en sec), et le pinot noir qui prend une place de plus en plus importante dans la région depuis quelques années. 

 

 

Les Blancs

Domaine Agapé,  Grand cru Schoenenbourg riesling 2017 : (marnes. Exposition Sud. 2gr SR) Couleur or pâle, nez de fruits blancs et fruits jaunes, floral, pas vraiment de pétrole, épices. Bouche puissante, assez opulente et large pour un riesling, manquant juste d’un peu de tension par rapport aux suivants.

 

Domaine Agapé,  Grand cru Osterberg riesling 2017 : (marnes-grès. Exposition Est. 3gr SR) Couleur à peine plus foncée, nez un peu plus fruits exotiques, à peine miellé. Sur ce terroir plus tardif (à l’est), à la fois plus d’acidité et un peu plus de sucres, semble plus en longueur, avec une finale plus longue, et plus de gourmandise à la fois. 

 

Domaine Agapé,  Grand cru Rosacker riesling 2017 : (calcaire, 2,5gr SR) Couleur proche, nez légèrement miellé et exotique, verveine/menthol aussi. Bouche à l'attaque plus puissante, mûre, plus large, plus acide à l'attaque mais moins d'allonge, finale un peu plus courte qui manque d'un brin de salinité par rapport au précédent.

 

Domaine Weinbach, Grand Cru Schlossberg riesling 2018 : (granit. 5,11gr SR) Nez à peine marqué pétrole/résine, surtout beaucoup de fruits, à peine exotique et miellé, agrumes. Bouche qui garde une jolie acidité pour 2018, beaucoup de fruits, gourmande, avec une finale salivante, très longue, sur de petits amers nobles.

 

Domaine Boxler, Grand Cru Sommerberg D (Dudenstein) riesling 2018 : (granit avec un peu de calcaire. 3,5gr SR) Nez qu'il faut un peu plus aller chercher, plus sur les agrumes, un peu moins mûr/sucré. Bouche plus tendue, plus énergique, plus d'agrumes, plus "laser", avec un peu plus de longueur que le précédent, plus minéral aussi.

 

Domaine Trimbach, Frédéric Emile riesling 2013 : (dans Osterberg et Geisberg, marnes-calcaires-grès. 8gr SR) Couleur encore plus dorée, nez très miel, fruits exotiques, à peine résine, plus complexe, cire, abricot, tilleul, mirabelle, rhubarbe... Bouche qui combine grosse acidité à près de 8gr de SR dans un équilibre incroyable, avec fruit, largeur, longueur, intensité, semble encore pouvoir vieillir sans problèmes.

 

Weingut Schäfer-Fröhlich, Grosses Gewächs Stromberg riesling 2017 : (volcanique, 5,3gr SR) Pour la comparaison un riesling allemand a été ouvert lors de la première soirée (élevage cuves, pas de malo) Couleur très claire, nez réduit à l'ouverture, mieux après une demi-journée de carafe, nez fumé, citronné, presque tourbé. Bouche plus légère en alcool, très droite, très citronnée, plus d'acide tartrique, austère, peu de fruit, encore jeune, très longue et salivante, belle énergie mais aromatique un peu en-dedans.

 

schlossberg

 

 

 

Les Rouges

Domaine Zusslin, Pinot noir Bollenberg 2018 : (Entre Orschwihr et Rouffach. Argiles + fer et calcaire) Bien moins coloré que les suivants, très beau nez floral, fruits rouges, pointe de volatile pour certains sur la fin du verre. Bouche très fraîche et aérienne pour le millésime, infusée, belle acidité assez élevée pour le millésime, glisse tout seul. Tout en finesse.

 

Domaine Trapet, Pinot Noir Chapelle 1441 2017 : (à Riquewihr. Argilo-marneux. Vinif nature) Couleur claire, nez très réduit à l’ouverture, légèrement moins après 4-5h de carafe. Derrière le côté animal, quelques notes plus élégantes de griotte, prunelles. Bouche plus intéressante, toute en finesse, légère, élégante, très fruitée, fraîche.

 

Domaine Albert Mann, Pinot noir Clos de la faille 2020 : (à Wintzenheim. calcaire et grès) couleur assez sombre pour du pinot, nez très fruité, fruits noirs assez mûrs et un peu d’élevage vanillé. Bouche ronde, fruitée, boisée, vanillée, charmeur, dans une phase éclatante, ça garde une bonne acidité dans le fond et des tannins soyeux, bonne longueur encore un peu d’élevage à intégrer sur la finale.

 

Domaine Albert Mann, Pinot noir Les saintes claires 2020 : (dans le prolongement du Mambourg. Calcaire). Couleur très sombre, nez de pinot bourguignon avec encore un peu d’élevage, assez proche en l’état du clos de la Faille, fruits noirs, épices, vanille, assez éclatant en l’état. Bouche à la fois dense et aux tannins soyeux, très belle texture, élevage mieux intégré qu’au nez, beaucoup de longueur. Déjà excellent en l’état, avec aussi un gros potentiel de garde.

 

Domaine Paul Ginglinger, Pinot noir Les rocailles 2017 : (dans Eichberg. Marnes et grès) Couleur plus tuilée, nez plus rustique, cuir, kirsch… Bouche avec du volume, moins de rondeur, plus de tannins, bonne acidité derrière, style sérieux et noble, semble encore un peu jeune.

 

Domaine Marcel Deiss, Gruenspiel rouge 2018 : (à Bergheim. pinot noir + beurot et gris. Grès granit et argile) Nez magnifique menthe poivrée, mûre, fruits des bois, très sauvage. Bouche avec un gros volume, de la puissance, aromatique très expressive, très sauvage, très poivrée, fruits noirs, mais beaucoup de fraîcheur aussi, tannins très serrés en finale par contre, à attendre.

 

Domaine Zind-Humbrecht, Pinot noir Heimbourg 2017 : (à Turckheim. marne, calcaire et fer. Grande partie de VE) Joli nez fumé, cuir, végétal, un peu viandé, marqué par la grappe entière. Ca se gâte en bouche, tannins présents encore un peu verts, serrés. A attendre absolument lui aussi.

 

agape saintes claires

 

 

Merci à tous les participants de ces deux très belles soirées qui ont fait honneur à l'Alsace, avec un excellent niveau pour tous les rieslings et un peu plus d'hétérogénéité pour les pinots noirs.

 

31 mars 2023

Soirée Coups de Cœur (31/03)

Bérêche - Champagne Brut réserve : (dég début 2022) Couleur saumonée, nez plutôt typé champagne-pinots sur les fruits rouges et la frangipane, bouche à la bulle très fine, patinée par l'élevage bois + le tirage liège, juste un poil trop dosée sur la finale pour chipoter, mais beau potentiel de vieillissement en cave.

 

Pas de l'Escalette - Mas Rousseau IGP Hérault 2020 : (carignan blanc) Couleur claire, nez sur les fruits blancs, floral. C'est surtout en bouche qu'on comprend l'intérêt du carignan blanc, très belle acidité sur ce cépage, belle texture, pas trop haut en alcool, beaucoup de fraîcheur pour le sud.

 

Emrich Schönleber - Frühlingsplätzchen riesling GG 2020 : couleur claire, nez un peu  réduit à l'ouverture, puis très citron, zestes d'agrumes, résine, léger pétrole. Bouche avec un gros volume pour un riesling, tendue par une acidité très élevée, citronnée, fruits jaunes un peu plus mûrs en se réchauffant, finale très longue, très salivante, qui fait claquer le palais. Le vin qui a le plus divisé de la soirée.

 

bereche schonleber

 

Chacra - Pinot noir Patagonia 55 2021 : (grappe entière, moitié cuves moitié fût, juste sulfité à la mise), pinot très fleuri, éclatant, aérien, tout en élégance, léger en alcool, avec une petite touche épicée. Belle découverte pour tout le monde.

 

Thibault Liger-Belair - Nuits-St-Georges La Charmotte 2019 : couleur rubis foncé, nez éclatant dès l'ouverture, fruits rouges et noirs, petite touche d'élevage, floral. Bouche en dentelle, avec un beau volume, tannins soyeux, équilibre parfait, pas trop de sucrosité, très long pour un village, surtout dans une phase sur le fruit, éclatant, où tout est à la bonne place. 

 

Henri Chauvet - De cendre et d'âme Côtes d'Auvergne Boudes 2021 : lourde tâche de passer derrière le NSG. Et pourtant, un grand vin, coloré, au nez épicé, fumé, poivré, racinaire et une bouche en dentelle, ultra digeste, soyeuse, qui se retend sur une finale épicée, saline, salivante. Bravo Henri.

 

Saladin - Paul Côtes-du-Rhône 2020 : couleur claire pour ce grenache/clairette en semi carbo, nez fruits rouges sucrés, orangette, bouche avec un peu plus d'alcool et de sucrosité que les précédents, mais peu de tannins, gourmande, fruitée. Une valeure sûre année après année.

 

Camin Larredya - Jurançon Au capceu 2021 : couleur or profond, nez sur le miel, fruits exotiques frais, ananas, coing. Bouche aérienne, pas trop sucrée (90gr), grosse acidité, digeste, presque tendue, superbe équilibre pour ce Jurançon tout en frâicheur. Parfait pour terminer.

 

chauvet saladin

 

 

Bonus :

Gripa - Saint Péray Les pins 2019 : travaillé sur le fruit et la fraîcheur, pas trop lourd pour un marsanne/roussanne, très bien fait. 

 

Clos Rougeard - Samur-Champigny 2011 : couleur claire, nez qui poivronne peut-être un peu trop, par contre une bouche en dentelle, texture soyeuse, encore jeune avec beaucoup de fruit et belle longueur.

 

Vaccelli - Ajaccio Granit 174 2018 : couleur claire, nez fruits rouges, grenadine, orangette, épices. Bouche peu tannique, un peu de sucrosité, haute en alcool, bien intégré avec bonne acidité, petite amertume, long, sans trop chauffer, semble plus fin que 2016 et 2017. Belle découverte pour beaucoup de monde là aussi.

 

 

Merci à tous les participants de cette magnifique soirée dans une superbe ambiance ! A très vite pour l'Alsace et les pinots/pas pinots.

 

24 mars 2023

Soirées Gevrey-Chambertin 17 et 24/03

Avec ses 408 hectares, l'appellation Gevrey-Chambertin est la plus grande de la Côte de Nuits. Si les vins ont la réputation d'être puissants, "masculins", c'est avant tout pour des raisons historiques, mais la réalité est bien plus complexe... Comme Chambolle-Musigny c'est une appellation à combe, avec des sols variés, des expositions variées, des altitudes variées... En ajoutant à cela les styles de vinification et les "effets millésime", on aboutit à des vins très hétérogènes.

 

Pour ceux qui souhaiteraient approfondir le sujet : http://monocepage.com/gevrey-chambertin-breffage/

carte gevrey chambertin

 

 

 

Les Gevrey « de la Combe » 

1 Claude Dugat, Gevrey-Chambertin 2019 (15 parcelles dont une partie dans la combe) : couleur assez sombre pour du pinot, nez avec des notes de vanille, de cassis. Bouche en largeur, ronde, gourmande, mûre, qui garde une bonne longueur pour un village.

 

2 Pierre Duroché, Gevrey-Chambertin Le clos 2018 (dans Le Village) : du gaz et de la réduction à l'ouverture, long carafage. Couleur très claire, vinification opposée au précédent, plus nature, infusée, moins de bois, pas un gros volume mais plus en longueur avec une acidité plus haute, une sensation plus minérale.

 

gevrey ostrea

 

 

 

Secteur nord ou « secteur St-Jacques » 

3 JL Trapet, Gevrey-Chambertin Ostrea 2019 (En Dérée, Champerrier…) : couleur claire pour un 2019, nez éclatant de fruits rouges et pivoine, bouche toute en dentelle, fruitée, florale, avec une allonge minérale qui porte loin la finale. Superbe.

 

4 René Bouvier, Gevrey-Chambertin 1er cru Combe aux moines 2018 : couleur plus sombre, trouble, nez sauvage, très grappe entière, épicé, fumé, fraise écrasée. Bouche avec du volume, de la "mâche", et une jolie tension minérale dans le fond là aussi. Superbe.

 

5 Berthaut-Gerbet, Gevrey-Chambertin 1er cru Cazetiers 2018 : couleur sombre, plus violacée, nez plus cassis et fruits noirs, fruité gourmand, un peu bonbon. Bouche plus en rondeur, civilisée, où rien ne dépasse, texture soyeuse, bien travaillée, sans être trop boisée, la finale garde une bonne longueur et de la fraîcheur. Confirme lui aussi la grandeur de ce secteur des premiers crus.

 

6 Henri Magnien, Gevrey-Chambertin 1er cru Estournelles St Jacques 2020 : couleur sombre, nez de fruits noirs, graphite. Bouche encore jeune, mûre, un peu serrée, mais avec un joli fond calcaire, de l'allonge, long. Beau potentiel.

 

 

Secteur sud ou « secteur des grands crus »

7 Ponsot, Gevrey-Chambertin Cuvée de l’abeille 2007 (les Epointures) : couleur à la fois très claire et tirant sur le marron, nez évolué, de sous-bois, kirsch, cuir, viande fumée. Bouche encore très énergique, pas un gros volume (vieux fûts), toute en longueur, noble, avec une finale presque salée sur la viande fumée très longue pour un village.

 

8 Jérôme Castagnier, Chambertin Clos de Bèze Grand cru 2012 : robe peu évoluée, nez assez classique de pinot entre deux âges, avec un début de tertiaire et encore du fruit. Beau volume en bouche mais pas beaucoup de profondeur, des tannins un peu secs et une longueur moyenne pour un grand cru.

 

Bonus : Dugat-Py, Gevrey-Chambertin Coeur de roy 2002 : couleur sombre et évoluée, trouble, nez très cuir, fruits noirs, animal. Bouche encore énergique, jeune pour son âge, avec des tannins présents mais de qualité, beaucoup de longueur et de fond. Merci Fred !

 

gevrey estournelles

 

 

Merci à tous les participants de ces deux belles soirées. Prochain thème : les coups de coeur de l'année !

 

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25 février 2023

Soirée Grèce du 24/02

Soirée Grèce

 

 

Quelques chiffres

- Grand pays historique du vin, très morcelé, faisant face à de grandes difficultés économiques, produisant finalement assez peu...

- Aujourd'hui 18e producteur mondial avec environ 110 000 hectares de vignes. Un chiffre en baisse année après année.

- Environ 230 "caves à vin" dont 20% de coopératives et 80% de producteurs indépendants.

- 10% d'export environ. Consommation locale en baisse également. "Entre deux chaises" avec une volonté d'exporter plus mais aussi une volonté de conserver ses cépages locaux, son alphabet...

- Plus de 200 cépages autochtones qui font la force du pays, 90% du vin produit à partir de ces cépages locaux (le reste en cabernet, syrah, merlot, chardonnay...)

- Les cépages les plus plantés dans l'ordre : savatiano (beaucoup utilisé pour le retsina), roditis (beaucoup utilisé pour les rosés et le retsina), agiorgitiko, liatiko, muscat de Hambourg, xinomavro, cabernet sauvignon, assyrtiko...

- 2/3 de vins blancs pour 1/3 de vins rouges.

- 28 AOC (ou PDO) et 96 IGP.

 

 

Les Régions à retenir

carte grece

 

 

Iles de la mer Egee : l'île de Santorin a donné ses lettres de noblesse à la viticulture grecque, grâce au cépage assyrtiko et à ses sols volcaniques. On y trouve des vignes parfois plus que centenaires, franches de pied (pas de phylloxéra), plantées en Kouloura "couronnes" pour lutter contre la sécheresse et le vent. Le climat y est très sec et très solaire. Les vins sont souvent extrêmes, combinant à la fois acidité très haute et alcool élevé, puisant dans la roche beaucoup de "minéralité". L'assyrtiko de l'île de Tinos est lui un peu moins "extrême".

santorin wines

clos stegasta winery

 

 

Grèce du Nord : climat continental aux hivers froids et aux étés solaires, avec plusieurs zones d'altitude relativement fraîches. Le xinomavro est le cépage digne d'intérêt de cette région, principalemet sur l'AOC Naoussa. On compare souvent ces vins aux Barolo pour leur couleur rouge très pâle, leur acidité élevée et leurs tannins marqués. A suivre la plus fraîche AOC Amyndeo.

naoussa

 

 

Grèce du Sud-Crète : climat méditérannéen très solaire et très sec. Le cépage liatiko peut donner de grands vins rouges, peu colorés, hauts en alcool avec des aromatiques "garrigue". Proche en cela du grenache ou du sangiovese du sud de la Toscane ?

crete vineyards

 

 

Grèce du Sud-Péloponnèse : moins intéressante que les trois régions ci-dessus, citons tout de même la robola de Céphalonie, cépage blanc vif très sensible à l'oxydation, et le cépage agiorgitiko en AOC Nemea donnant des vins sombres et puissants. Dans cette grande région au climat solaire mais parfois tempéré par l'altitude la nouvelle génération commence à arriver.

 

 

 

 

La dégustation

 

 

Blancs

1 - PDO Robola de Céphalonie « Barcarola » 2021, domaine Foivos (100% robola. Grand domaine qui a repris Mantzavino en 1999. Vignes de 20ans non greffées, à 600-800m d'altitude sur le mont Ainos, sols calcaires. Elevage d'un mois en cuves inox)  Couleur très claire, reflets gris. Nez très aromatique, fleurs blanches, pin, genépi, abricot. Bouche à l'attaque vive mais ça ne dure pas, peu d'alcool, aromatique entêtante, peu de relance en finale. A boire très frais, risque de devenir écoeurant sinon. 

 

2 - IGP Cyclades « Clos Stegasta Assyrtiko » 2020, domaine T-Oinos (100% assyrtiko. Domaine de 13ha - bientôt 17 - plantés en 2002 à haute densité 11500 pieds/ha en palissage haut, à 460m d'altitude en moyenne sur sables et granits. Consulté depuis 2016 par Stéphane Derenoncourt. Pressurage en grappe entière puis élevage en 500L, amphores et foudres pendant 7mois sur lies)   Couleur or pâle, nez citronné, minéral, à peine fumé (lies), touche de fruits jaunes, à aller chercher, encore simple d'expression mais noble. Bouche d'une précision redoutable, beau volume, intense, pas très haut en alcool pour un assyrtiko (13,5), grosse tension, minérale, citronné, un peu floral, agrumes, pêche, finale très longue, saline, petits amers, me fait penser à un grand chenin personnellement. On sent un vin très précis, très maîtrisé, pas loin du trop parfait par rapport au suivant mas très efficace, et c'est encore bien jeune. 

 

3 - PDO Santorin « Cuvée n°15 Assyrtiko » 2017, domaine Hatzidakis (100% assyrtiko. Domaine de 10ha en bio, créé en 1997 par le regretté Haridimos Hatzidakis. La cuvée n°15 provient de Pyrgos et Emporio, vendagée un peu plus tôt que les autres, plus "minérales", vignes franches de pied de 15à40ans. Elevage 6mois en cuves inox)   Couleur dorée, nez très exotique, mangue, ananas, miel, cire, plus complexe et plus évolué que le précédent, clairement plus solaire. Bouche haute en alcool (14,5%), grosse acidité, le tout s'équilibre bien, sur les arômes du nez, long et intense. La finale chauffe peut-être un peu dès que la température monte. Moins bien équilibré que le précdent, un peu plus complexe, peut-être plus de charme pour certains. 

 

Bonus : PDO Santorin assyrtiko 2019, Akra Chryssos (80% assyrtiko, aïdani, athiri. Jeune domaine proche du nature, vinifié avec l'oenologue Iliana Malihin. Vignes en partie sur Louros dont les raisins étaient autrefois vendus à Hatzidakis)  Ouvert à la dernière minute, couleur or-orangé, nez un peu réduit, mais mieux après quelques minutes, toutefois un peu fermé et brouillon, cire, poire. Bouche qui attaque une grosse acidité mais qui tombe assez vite et finit bizarrement très ronde, pas très précise. Semble quand même plus en place le lendemain... 

 

 

Rouges

4 - PDO Naoussa 2019, domaine Dalamara (100% xinomavro. Vieux domaine de 3ha aujourd'hui entre les mains de Kostis Dalamaras et de sa femme Maria, situé à Paliokalias. En biodynamie depuis 2008. Vignes sur le mont Vermio à 250-300m, sols limons et calcaire. Elevage 1an fût)   Couleur claire, rubis, nez expressif, fruits rouges, kirsché, cuir, floral, joli. Bouche sur le fruit, fraîche, pas très haute en alcool (13%), bonne acidité, avec des tannins bien présents qui serrent un peu, appellent la table. Proche d'un nebbiolo. Très représentatif du cépage.

 

5 - PDO Naoussa « Alta » 2019, domaine Thymiopoulos  (100% xinomavro. Domaine familial de 37ha repris en 2000 par Apostolos Thymiopoulos à Trilofos et Fytia, majoritairement en bio. Cuvée Alta sur Fytia, zone la plus fraîche de l'AOC à 450-650m d'altitude sur schistes, granits et marnes. Petit pourcentage de grappe entière. Elevage foudres de chêne français)     Couleur claire aussi, plus brillante que le précédent, nez plus floral, pivoine, esprit pinot noir, fruits rouges, petite sucrosité. Bouche à l'attaque ronde, suave, pleine de fruit, légère, juste ce qu'il faut d'acidité en fin de bouche pour que le vin reste très digeste, pas très long, mais ultra efficace, tannins imperceptibles (macérations à froid ?). Un vin évident.

 

6 - PDO Dafnes « Potamida » 2018, domaine Idaia (100% liatiko.  Domaine de 12ha créé en 1998 à Malevizi au centre de lîle sur le mont Psiloritis. Sols argilo-calcaires à 300-400m d'altitude. Elevage 1an fût)   Couleur très claire, rubis à peine rouillé, nez de confiture de fraise, framboise à l'eau de vie, garrigue, semble pesque sucré. Bouche haute en alcool (15%), fraise sucrée, cacao, trop alcooleuse et sucrée, mais l'aromatique est intéressante.

 

7 - PDO Sitia « Antigone » 2004, domaine Economou (80% liatiko, 20% mandilari. Domaine créé en 1995 bio depuis 1997, 9ha en franc de pied. 26 parcelles à l'est de l'île. Composition des cuvées et temps d'élevage différents selon les années "au feeling". Peu interventionniste, juste 20-50mg soufre à la mise. Aime l'oxydation plus que la réduction. Antigone 2004 provient de 2 parcelles des plus vieilles vignes : Vassilikes et Pentalofos, village de Ziros. 600m d'altitude, sols de phyllites et flysch. Egrappé. Elevage d'une quinzine d'année en fûts)     Couleur grenat légèrement tuilé avec un fond de bouteille très trouble et plus clair, nez envoûtant, cerise, fraise, figue, viande fumée, noisette, garrigue, herbes séchées... Bouche en dentelle, belle acidité, fraîche, seulement 13,5 d'alcool mais du volume, de la tension, très noble, un peu cuir et balsamique aussi, fruité encore frais mêlé à du tertiaire, finale très longue, presque saline. Grand vin. 

 

8 - PDO Nemea 2015, domaine Philos (100% agiorgitiko.  Petit domaine récent situé à Dafni. Vignes à 3000pieds/ha à 400m d'altitude sur sables et argiles. Elevage 18mois en fûts de 250 et 500L 20% neufs)  Couleur grenat encore jeune, nez de vanille, coco, un peu de fruits noirs et chocolat derrière. Bouche complètement lissée par le bois, très vanille, coco.

 

 

Autres

9 - PDO Sitia blanc « Heliades » 2014, domaine Economou (50% vilana, 50% thrapsathiri.  Heliades est la cuvée haut de gamme de Sitia blanc, vignes moins en altitude que les rouges, sols sables, arigles, graviers et calcaire. Non egrappé. Elevage légèrement oxydatif 4 mois fûts et trois ans en cuves)   Couleur or profond, nez très légèrement oxydatif, complexe, miel, cire, cédrat confit, orange, coing... Autant le nez semblait gourmand, autant la bouche est sèche, que très légèrement oxydative, tendue, beau volume, avec un peu de tannins, des amers, semble clairement avoir connu une macération, c'est long, salin, austère, mais noble. Un OVNI qui a beaucoup divisé. Très joli sur des fromages brebis ou chèvre secs.

 

10 - PDO Santorin Vinsanto 2013, domaine Gavalas (85% assyrtiko, 10% aïdani, 5% athiri. 210gr SR, 10,3% vol. Domaine de 7ha créé vers 1900 mais premiers embouteillages en 1998. Vendanges en août, passerillé sur paille 15jours. Elevage 6ans en vieux fûts)  Couleur ambrée-marron aux reflets rouges, nez sur la figue, le pruneau, la pâte de fruit, confit, mais intéressant. Bouche riche, sirupeuse, un petit côté caramel, manque un peu d'acidité pour réussir à équilibrer tout ça.

 

dalamaras

economou et gavalas

 

 

Conclusion

Un échantillon finalement assez représentatif, avec des assyrtiko secs d'un très haut niveau, qui ont convaincu tout le monde. L'avis a été un peu plus mitigé sur les rouges, avec deux grands vins (Alta et Antigone) qui ont surpris par leur fraîcheur et leur élégance mais aussi des vins moins bien équilibrés. Mais globalement tout le monde est reparti avec une image très positive des vins grecs.

 

 

Pour approfondir

Revue Le Rouge et le Blanc n°87 (Naoussa), 127 (Economou)

Le site du MW Y. Karakasis https://www.karakasis.mw/

 

 

Merci à tous les participants de cette très belle soirée. Prochain thème étranger : le Portugal !

 

28 janvier 2023

Soirée Clos (20 et 27/01)

Pour être appelé "clos", un vin doit sortir en AOC et soit :

- être issu de raisins dont les vignes sont délimitées par une clôture de murs ou de haies vives de chaque côté.

- être issu de raisins dont la parcelle est inscrite au cadastre sous le nom "clos" même si les murs ne sont plus présents

- être produit par une entreprise historiquement dénommée "Clos ..." qui pourra ensuite être cédée sous le même nom

 

 

Soirée du 20/01

clos joliette

 

Frantz Chagnoleau - Mâcon-villages Clos st pancras 2020 : Couleur très claire, nez légèrement grillé (réduction bourguignonne sur lies), citronné. Bouche avec beaucoup de pep's, minérale, toute en fraîcheur pour un Mâcon 2020, salivante, elle réveille bien les papilles. Parfait pour commencer.

 

Ponsot - Morey-St-Denis 1er cru Clos des monts luisants 2014 : (100% aligoté) Couleur déjà bien dorée, nez très porté sur le beurre et la crème avec des fruits exotiques également. Bouche moins beurrée que le nez, opulente, très dense, énergique, sur les fruits exotiques, les fleurs blanches, beaucoup de longueur. Excellent.

 

Thierry Germain Roches Neuves - Saumur Clos romans 2017 : Couleur or profond, nez de chenin très pur, sur la poire, floral, agrumes. Bouche toute en tension et en énergie, avec un volume suffisant pour passer derrière le Ponsot. Beaucoup de longueur, finale presque saline. Excellent là aussi.

 

Arlaud& - Morey-St-Denis Clos Solon 2017 : Couleur claire, nez expressif, très élégant, plein de petits fruits rouges et de pivoine. Bouche légère, fruitée, fraîche, pas très longue mais très facile à boire.

 

Elian Da Ros - Côtes du Marmandais Clos Bacquey 2016 : Couleur sombre, nez sur les fruits noirs, touche végétale type poivron qui rappelle un cabernet ligérien. Bouche assez fine sur ce millésime, élégante, reste fraîche, avec des tannins fins. Belle découverte pour tout le monde.

 

Henri Gouges - Nuits-St-Georges 1er cru Clos des Porrets St Georges 2017 : Couleur plus sombre que le Morey d'Arlaud, fruit plus noir, plus de profondeur, avec une trame minérale/calcaire marquée, une finale plus longue, plus tendue, sur des petits tannins donnant beaucoup d'allonge et de fraîcheur, presque salivant. Déjà délicieux, avec un bon potentiel encore.

 

Combier - Crozes-Hermitage Clos des Grives 2019 : Couleur noire, nez expressif, encore marqué par l'élevage vanillé/toasté, sur les fruits noirs très mûrs, lardé, anchois, violette. Bouche massive à l'attaque, encore jeune, mais avec des tannins soyeux sur la finale et un retour d'acidité bienvenu. Finalement bien plus frais que ce que laissait présager le nez.

 

Clos Joliette - Jurançon sec 1971 : Couleur jaune dorée, nez extrêmement complexe de café, mangue, fruits secs, herbes médicinales, thé vert...que seuls les vieux vins peuvent offrir. Bouche encore en pleine forme, sèche mais très fruitée, légèrement amère, avec beaucoup de fraîcheur et de longueur. A la hauteur du mythe. Merci Vincent !

 

Schoffit - Rangen Grand Cru Clos St Theobald riesling VT 2015 : Couleur dorée, nez de fruits mûrs et de miel déjà évolué qui ne fait pas vraiment riesling. Bouche digeste, peu de sucres pour une VT (60gr environ), mais qui manque un peu d'acidité et de longueur pour un tel grand cru.

 

 

Soirée du 27/01

soirée clos 1

soiree clos 2

 

Clos Nicrosi - Corse Coteaux du cap corse sec 2018 : Couleur qui tire déjà sur l'ambrée, nez de fruits du verger très mûrs, le miel, la cire, floral. Bouche construite sur l'amertume, qui manque un peu de volume mais qui garde une bonne fraîcheur. Merci Fred !

 

Ponsot - Morey-St-Denis 1er cru Clos des Monts Luisants 2013 : semble un peu moins évolué et beurré que le 2014 bu la semaine précédente, plus en tension, même si on reste sur un vin gras/beurré/exotique. Du même niveau, avec peut-être un plus gros potentiel de garde.

 

Clos des Papes - Châteauneuf-du-Pape rouge 2013 : couleur assez claire et encore jeune pour un Châteauneuf 2013, nez classique très élégant de fruits rouges et noirs légèrement confiturés, de cacao... Bouche en dentelle, avec du volume, des tannins fins, l'alcool pourtant élevé ne se sent pas. Très belle bouteille sur ce "petit" millésime frais.

 

 

Merci à tous les participants. On se retrouve en février pour la soirée Grèce !

 

2 décembre 2022

Soirées Chambolle-Musigny des 25/11 et 02/12

Voir intro ici : http://lacavedutheatre.canalblog.com/archives/2020/06/06/38351841.html

carte chambolle

 

 

 

Les Chambolle sous influence de la combe

 

Ponsot, Chambolle-Musigny cuvée des cigales 2012 les herbues : (dernier mill. en 2015. Eélevage de 17mois en fûts de 15ans minimum, 100% égrappé) Couleur très claire, nez encore jeune, sur des fruits rouges frais, cerise rouge et notes florales, très délicat. Bouche pure, peu de volume, toute en tension, avec des tannins un peu serrés en finale mais qui donnent de l'allonge. Un style très noble pour certains, mais un peu trop austère pour d'autres.

 

Berthaut-Gerbet, Chambolle-Musigny 1er cru Les Plantes 2018 : (10% VE environ, MPF, élevage court, 40% bois neuf) Couleur sombre et un peu violine, nez classique du domaine sur ce fruit croquant assez mûr, la violette. Bouche ronde, facile, peu de tannins, pleine de fruits croquants tout en gardant de la fraîcheur, élevage bien intégré, et assez long. Une vraie gourmandise en l'état.

 

Denis Mortet, Chambolle-Musigny 1er cru Les Beaux bruns 2018 : (un peu de VE. élevage 18mois 60% fûts neufs) Couleur sombre, nez sur les fruits noirs, encore quelques notes d'élevage café. Bouche avec une très belle texture, soyeuse, toute en rondeur, un peu de sucrosité, des fruits noirs, quand même une bonne acidité derrière. Aromatique encore dominée par l'élevage, mais un joli fond, à attendre dans l'idéal.

 

René Bouvier, Chambolle-Musigny VV 2019 fremières herbues et autres : (60% VE, 18mois 20% futs neufs) Couleur assez foncée pour le domaine, nez de pinot grappe entière infusé, très pur, pot pourri, floral, éclatant. Bouche dans le nouveau style Bouvier, pleine de fruit, de finesse, de pureté, très délicate, fraiche, avec du végétal et des amers nobles en finale. Déjà excellent. Un style complètement opposé au vin précédent.

 

CHAMBOLLE MUSIGNY

 

 

 

Les Chambolle hors de la combe

 

Lignier-Michelot, Chambolle-Musigny VV 2016 les drazey et les gammaires : (70% VE environ 15% bois neuf. Elevages d'1an + 4 mois de cuves) Couleur sombre, nez cuir, ronce, fruits noirs. Bouche puissante, joli jus, un peu austère, fraîche, épaisse pour un village, plutôt taillé pour la garde avec joli fond et de la longueur. Très beau vin qui tire incontestablement sur Morey.

 

Geantet-Pansiot, Chambolle-Musigny 1er cru Les Baudes 2013 : (MPF de 10jours, 30% fût neuf, égrappé) Nez qui semble fatigué, un peu brouillon, pareil sur l'attaque en bouche, avec une finale par contre un peu dure. Clairement en-dessous sur cette bouteille-là.

 

Méo-Camuzet F&S, Chambolle-Musigny 1er cru Les Cras 2011 : (négoce, égrappé, 50% fûts neufs) Couleur sombre, nez un peu fermé, bouche entre deux âges, ni très fruitée ni encore évoluée, simple, par contre bel équilibre avec de la matière du soyeux de la fraîcheur... mais pas un plaisir fou ce soir-là, semble à attendre encore.

 

Moine-Hudelot, Bonnes-Mares Grand cru 2006 : (vendu en 2008 à Pousse d’or en grande partie) Couleur très évoluée, nez de veux pinot sous-bois, humus, cerises à l'eau-de-vie. Bouche encore bien là avec une aromatique évoluée, mais de la puissance, du volume, un côté terreux, encore un peu tannique, très longue, qui a tout de même gardé du fruit. Assez classique du terroir des bonnes-mares, tirant là aussi clairement sur Morey. On finit en beauté.

 

BONNES MARES

 

 

Bonus :

René Muré, Alsace Clos St Landelain pinot noir 2013 : très clair en couleur, nez marqué par des notes de viande fumée, de l'anchois, de la confiture de fraise, il sent la grappe entière, assez sauvage et solaire. Bouche à la fois pas trop haute en alcool et bonne acidité donc très digeste combiné à une aromatique solaire, épicée, anchois, fruits rouges sucrés, salée, pas un très gros volume mais une finale longue, salivante, sur la tapenade. Sans conteste sur le podium de la soirée ! Merci Seb pour cette belle surprise.

 

 

Ainsi s'achève l'année 2022 en beauté. Merci à tous les participants. On se retrouve en 2023 pour un programme rencontrera, nous l'espérons, tout autant de succès.

 

18 novembre 2022

Soirée Suisse du 18/11

Soirée Suisse

vignoble suisse

 

 

 

Quelques chiffres

- 15 000 ha environ, soit 20e pays producteur mondial, soit la taille de l’Alsace.

- Ratio de producteurs/hectares très élevé. Quasiment 7000 viticulteurs de mémoire. Beaucoup de micro-domaines, pas toujours professionnels même.

- 4e consommateur mondial : le Suisse boit beaucoup de vin (suisse, italien et français) !

- Pays au climat continental globalement frais, entre les Alpes et le Jura, où l’on va chercher le soleil grâce aux expositions, à la pente, à l’effet « miroir » du soleil sur l’eau. Les vins que nous avons goûtés sont en moyenne autour de 400-500m d’altitude.

- Histoire assez « classique » : du vin avec les Romains, puis avec les moines au Moyen-Age. Crise du phylloxéra : quasiment plus de vin au début du 20e siècle. Puis la viticulture reprend dans les années 60 avec une viticulture de masse, peu qualitative. Dans les années 1990 on comprend que les vins seront trop chers et pas assez nombreux pour faire de l’export, on se tourne alors vers la qualité, des vins de terroir, identitaires et on replante les vieux cépages autochtones.

- Forte proportion de vins en biodynamie certifiée (de mémoire autour de 4% certifié. N°1 mondial). Ils sont un peu moins bons en Vins certifiés bio par contre (« seulement » 5%).

- Seulement 1% d’export !

 

 

Les cépages (par ordre décroissant)

Cépages rouges : pinot noir 26%, merlot 8%, gamay 8%, gamaret 3%, garanoir, syrah, cornalin, humagne rouge, diolinoir, cabernet franc…

Cépages blancs : chasselas/fendant 24%, müller-thurgau 3%, chardonnay 3%, sylvaner, petite arvine, pinot gris, savagnin/païen/heida, sauvignon, pinot blanc, viognier, muscat, ermitage/marsanne, amigne, johanniter, humagne blanche, malvoisie/pinot gris…

L’humagne et le cornalin, s’ils restent minoritaires, sont en très fortes progression depuis 10ans. Lire à ce sujet le numéro 140 de la revue Le rouge et le blanc. Passionnant, comme toujours ! De même que le livre « Cépages suisses » de José Vouillamoz.

 

 

Les Régions

 

Valais : De loin la plus grande région en terme de volume produit. Vignes en terrasse le long du Rhône. Climat chaud et sec qui lui vaut parfois le surnom de « Californie suisse ». Sur le versant Nord des Alpes ; le canton bénéficie de l’effet de Foehn. C’est là qu’on trouve le plus de cépages autochtones. 61% de rouge / 39% blanc. Sols de granit dans le « coude », de Martigny à Fully environ, puis sols argilo-calcaires en allant vers l’est.

valais suisse

 

Vaud : 2e région en terme de volume. Région fraîche. Les vignes sont exposés au sud, en terrasse au-dessus du lac Léman pour la majorité. Le chasselas est largement majoritaire. Sols argilo-calcaires.

 

Genève : 3e région en terme de volume. 56% de vins rouges. Le gamay est le cépage dominant.

 

Trois Lacs : Neuchâtel, Bienne, Morat. Région fraîche, où l’on plante sur les meilleures expositions en bord de lac. 55% de rouges. Le pinot domine devant le chasselas. Sols argilo-calcaires.

 

Suisse alémanique : grande région fraîche, humide. Sols principalement argilo-calcaires. Légère majorité de rouge. Le pinot noir domine nettement, on trouve aussi du chardonnay et du müller-thurgau.

 

Tessin : petite région de Suisse italienne, sur granit, à la fois très chaude et très humide. Région du merlot.

 

 

 

La Dégustation

1 Raymond Paccot La Colombe, AOC La Côte Mont-sur-Rolle Petit clos chasselas 2016 : (vieux domaine de 20ha en biodynamie. Elevage cuve 7 mois, malo faite. Vignes entre 35et60ans, 500m altitude, pente forte, sols à dominante d’argile)    Couleur très claire, nez encore jeune pour 2016 très minéral, caillou mouillé, notes discrètes de citron, fleurs blanches, cire derrière. Bouche avec du volume pour chasselas, presque une certaine opulence pour ses 12%, acidité moyenne, très « terroir », avant tout minérale, aromatique assez neutre derrière, de légers amers. La finale manque un peu de tension, surtout dès que le vin se réchauffe.

 

2 Gérard Dorsaz, AOC Valais Ma petite arvine Fully 2017 : (domaine de 5ha créé en 1998. Sols granitiques de Fully. Elevage 8 mois cuves sans malo en règle générale)   Couleur or pâle, nez encore jeune, typique de la petite arvine sans être trop exubérant non plus, très miellé, fruits exotiques, floral. Bouche avec de la puissance, de l’opulence, une superbe texture presque huileuse, c’est long, avec de légers amers, mais la finale manque un peu d’acidité pour que ce soit parfait.

 

3 Simon Maye, AOC Valais Syrah Chamoson 2017 : (Domaine de 10ha créé en 1948 en conversion bio. Lieu-dit Près des Pierres à Chamoson. Sol calcaire très graveleux. Elevage cuves béton, égrappé à 100%)  Couleur noire aux contours violets, nez très syrah, très pur, lardé, violette, fruits noirs. Bouche légère en alcool (13%), pas un gros volume, mais toute en pureté, racée, belle acidité, facile à boire, avec une finale salivante aux tannins poudrés.

 

4 Valentina Andrei, AOC Valais Rouge du Pays (cornalin) 2020 : (Premier millésime en 2015 pour cette élève de Chappaz et du domaine de Beudon. En biodynamie sur 4ha. Lieu-dit La crête à Chamoson, argilo-calcaire. Elevage barrique usagée court et aujourd’hui une amphore. Un peu de vendange entière.)   Couleur noire, nez à peine réduit à l’ouverture, très bien le soir, sur des fruits noirs, réglisse, cerise noire, violette. La bouche est plutôt en finesse, avec des tannins qui restent fins pour un jeune cornalin, pas du tout de bois ni de sucrosité, fruits noirs frais, notes végétales et florales, belle acidité, alcool moyen (13,3%), une finale de longueur moyenne mais très fraîche et jamais saturante. Déjà accessible, mais bon potentiel de garde.

 

5 Christophe Abbet, AOC Valais Humagne rouge 2016 : (Domaine de 4ha créé dans les années 1990, pas de certification mais plutôt peu interventionniste. Sols de granit, élevage en cuves, sur Martigny et Fully. 450m altitude environ. Egrappé. L’humagne descend du cornalin et d’un cépage inconnu. Attention qu’on l’appelle cornalin dans le val d’Aoste)   Couleur rubis très claire et trouble, nez magnifique dès l’ouverture, de sureau/cranberry, groseille, framboise, rose, pot-pourri. Bouche aérienne, légère en alcool (12%), acidulée, toute en fruit et floral, pure, évidente, évanescente même, on a peur que le vin s’oxyde mais le fond de bouteille était nickel, peu de volume, finale acidulée, très fraîche, petite note végétale noble, ultra digeste, évident. 

 

andrei

 

6  Les Landions, AOC Neuchâtel Pinot noir Les Cailloutis 2019 : (famille de Morgan Meier à Cortaillod. Depuis 2010 5ha des 25 sont vinifiés par le domaine. 20% fûts neufs 18mois. Egrappé. Plusieurs parcelles, calcaire surtout + cailloux de rivière)   Couleur rubis claire, nez sur l’élevage vanillé, derrière quelques notes cerise, fraise. Bouche marquée par le bois aussi, derrière on sent le fruit du pinot et l’acidité à l’attaque est bonne, pas trop d’alcool (13% environ). La finale est très sucrailleuse, avec des notes de vanille et de coco écœurantes. Impossible de se resservir tant l’élevage est marqué.

 

7 Daniel & Martha Gantenbein, AOC Graubunden Pinot Noir Fläscher 2017 : (Créé en 1982, 6ha environ, sols schistes et argilo-calcaires. Pas d’études d’oeno mais les Gantenbein ont beaucoup voyagé et ont une cave personnelle énorme grâce à des échanges dans le monde entier. Planté à 8000 pieds/ha à 500m d’altitude avec les meilleurs clones bourguignons. Plusieurs parcelles à Fläsch et Malans. 100% bois neuf. Chai ultra-moderne, machine qui permet d’égrapper par vibration tout en laissant les baies entières par exemple. Puis 1 pigeage par jour ensuite…)   Couleur très claire et à peine rouillée, nez exubérant dès l’ouverture sur la viande fumée, presque anchois, pain grillé, fruits rouges acidulés derrière. Bouche avec une grosse densité, très bonne acidité, il y a du vin, moderne, exubérante, pas sucrée pas contre, alcool moyen (13% environ), marquée par un élevage fumé très présent, beaucoup de longueur, le côté à la fois acidulé et salé l’empêche d’être trop lourd. Doit être attendu quelques années. Mais des qualités indéniables. 

 

8 Christian Zündel, DOC Ticino Terraferma merlot 2018 : (4ha sur gneiss bruns. Domaine créé fin 1970’, une vigne de 1905 (début merlot en Tessin) et des vignes plus récentes. Certifié demeter. 1an et demi barriques bourguignonnes usagées. Peu interventionniste. Vignes sur Nisciora) Robe rubis foncée, nez à peine réduit à l’ouverture mais très bien le soir, avec un côté végétal presque poivron qui rappelle le cabernet franc, un floral plutôt typé pivoine, beau fruité rouge et noir frais. Bouche légère en alcool (12,5% environ), pas gros volume, toute en fraîcheur, fruitée, floral, végétale, dur d’identifier le merlot, aucune sucrosité, les tannins serrent un peu la finale par contre.

 

9 Marie-Thérèse Chappaz, AOC Valais Grain Noble 2018 50cl : (Prononcez « Chappa ». Début en 1987, passage biodynamie vers 1997. 10ha environ. Assemblage en 2018 de 55% ermitage, 40% petite arvine, 5% malvoisie, passerillé sur souche (peu de botrytis cette année). 80gr de SR « seulement » contre environ 140 les années où ça botrytise. 2ans en fût de 228 et 500L. Parcelles sur Fully et Leytron, donc granit 450à650m altitude.)   Couleur dorée, nez magnifique de mangue, ananas, passion, en fruits frais, miel, cire d’abeille, pêche, thé…d’une grande fraîcheur et complexité. La bouche n’est pas trop sucrée, elle attaque assez vive et toujours sur les fruits exotiques, mais la finale manque un petit peu de tension et finit un peu courte pour être un grand vin. 

 

CHAppaz

 

BonusDomaine Mia - Mercurey clos de la marche monopole 2019 : bu derrière le Gantenbein donc pas facile pour lui... couleur assez foncé, nez classique de pinot fruits rouges et noirs, pas trop riche ni trop mûr, ni trop d'élevage. Bouche facile, fruitée, ronde, gourmande, sans être chaleureuse pour un mercurey 2019, la longueur est moyenne mais on y revient facilement. Merci Bertrand !

 

 

Merci à tous pour cette soirée passionnante. On se retrouve la semaine prochaine pour Chambolle-Musigny, et l'an prochain pour la Grèce...

 

17 octobre 2022

Soirée Stars VS Futures Stars (7 et 14/10)

Derrière ce titre se cache l'occasion de comparer et de confronter, sur la même appellation et le même millésime, des domaines connus et des jeunes vignerons (tous ayant repris ou créé leur domaine entre 2010 et 2014). Les participants connaissaient la liste des vins proposés, mais devaient ensuite retrouver à l'aveugle pour chaque paire où se cachait la star. Exercice bien plus compliqué qu'il n'y paraît...

 

Paire n°1

         Vincent Pinard, Sancerre Harmonie 2019 : couleur claire, nez discret mais élégant principalement sur les agrumes. La bouche est tendue, minérale, sans aucune note variétale, avec beaucoup d’allonge, quelques amers nobles en finale. Très joli pour commencer.     

VS    Matthieu Delaporte, Sancerre Monts Damnés 2019 : couleur à peine plus marquée, nez sur des fruits blancs un peu plus mûrs, plus solaire sur ce terroir, quelques notes variétales de buis. La bouche est plus puissante, un peu plus chaleureuse. Une bonne acidité lui permet de rester équilibrée mais elle semble manquer un peu de finesse et de longueur en comparaison du précédent.

 

Paire n°2

        Amélie Berthaut-Gerbet, Gevrey-Chambertin Combe dessus 2018 : Couleur sombre pour un pinot, caractéristique de ce millésime solaire, nez de fruits noirs, un peu confituré, très gourmand. Bouche avec un beau volume pour un village, gourmande, légèrement sucrée, aux tannins fins, beaucoup de rondeur, encore une petite touche d’élevage. Joli village, qui a beaucoup plu autour de la table.  

VS   Jean-Marie Fourrier, Gevrey-Chambertin Vieille vigne 2018 : Couleur très claire, nez de groseille, framboise, pivoine, fraise, très fin. Bouche sur les mêmes arômes, avec beaucoup de fraîcheur, pas très épaisse mais toute en longueur avec une belle acidité pour le millésime qui étire ce vin tout en subtilité.

fourrier berthaut

 

Paire n°3

       Laurent Charvin, Châteauneuf-du-Pape 2018 : (80% grenache + syrah, mourvèdre, vaccarèse, counoise) : couleur rubis très claire, nez expressif plein de fruits rouges sucrés, de fraise écrasée, rose, pivoine. Bouche aérienne pour un Châteauneuf sur ce millésime, peu tannique, beaucoup de fruit et de pureté, florale (grappe entière). Déjà prêt à boire, tout en élégance. L’effet millésime a perdu certains connaisseurs du domaine.

VS   Yannick Féraud, Châteauneuf-du-Pape 2018 : (85% grenache + mourvèdre, clairette rose, cinsault) couleur plus sombre, nez plus animal, plus fruits noirs, moins floral (grappe entière aussi pourtant). La bouche est plus massive, plus tannique, cuir, animal. Finale assez longue, mais serrée en l’état. Le vin se goûtait mieux à sa sortie. Soirée difficile pour Féraud : la finesse habituelle du domaine ne ressort pas sur ce millésime, à l’heure actuelle en tout cas.

 

 

Paire n°4

        Montcalmès, Terrasses du Larzac 2019 : (60% syrah, 20% mourvèdre, 20% grenache) Couleur sombre, nez de fruits rouges et noirs, épices, encore légèrement vanillé par l’élevage, classique. Bouche où l’on retrouve bien le côté suave du domaine, encore simple et un peu marqué par l’élevage mais très belle texture, pas trop d’alcool, ni trop de tannins, petite sucrosité. Toujours ce style assez fin, très maîtrisé, qui bien sûr aurait besoin de quelques années supplémentaires dans l’idéal.

VS   Clos de la Barthassade, Terrasses du Larzac Les Ouvrées 2019 : (50% syrah, 35% mourvèdre, 15% grenache) Couleur encore plus sombre, nez marqué syrah en grappe entière, lardé, tapenade, violette, fruits noirs, sauvage. La bouche montre de la fraîcheur, de la pureté, encore un peu de tannins et de puissance, un style moins « civilisé » que Montcalmès, très bien fait là aussi. Une paire qui a divisé les avis. Match nul.

 

 

Si globalement les stars se sont imposés, les jeunes n'ont pas démérité. Il y a plus souvent eu une confrontation de style qu'un réel écart de niveau. A l'aveugle, ceux qui ont cherché à reconnaître le style d'un vigneron connu se sont souvent cassés les dents, faute à l'effet millésime, à l'effet séquence probablement aussi. Preuve une nouvelle fois que rien n'est simple avec le vin... Cependant la comparaison est toujours une bonne manière de mieux comprendre et analyser le style de chacun.

 

Merci à tous les participants. On se retrouve le mois prochain pour la Soirée Suisse !

 

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