750 grammes
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La Cave du Théâtre
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18 novembre 2023

Soirée Thème mystère (17/11)

Le thème Mystère était : Trouve le vin de Saint-Pourçain ! Huit vins à l'aveugle + quatre très jolis bonus (merci à tous !), un seul vin fait sur St Pourçain, par les Bérioles et tout à l'aveugle !

 

 

1 Domaine Vaccelli - Ajaccio blanc Aja Donica 2021 : un peu jeune et sur la retenue, miellé, floral, fruits jaunes, belle texture sans être très boisé, frais, élégant, bonne acidité pour un vermentino. Très prometteur.

 

2 Gros Ch. Père & Fils - Ladoix 1er cru Les Gréchons blanc 2018 : nez toasté, encore un peu marqué par l'élevage, très chardonnay classique. La bouche garde un peu de toasté, pas très beurrée, un peu de noisette et brioche, taillée pour la table. Seule la finale manque un peu de tension sur ce millésime en comparaison avec le suivant.

 

3 Bouzereau - Puligny 1er cru Le Cailleret 2018 : moins toasté, un peu plus beurré, fin, élégant, finale plus minérale et plus longue. Merci R.

 

4 Pierre-Henri Rougeot - Pommard Clos des roses 2021 : (sans sulfites ajoutés) Explose de fleurs et de petits fruits rouges, tout en finesse, très élégant, pas un gros volume, mais évident, beaucoup de plaisir. Ca semble déjà prêt à boire. 

 

5 L'Anglore - Véjade 2019 : dans une bonne phase, superbe nez, éclatant, bouche en finesse, jus de fruit là aussi très propre et gros plaisir immédiat. Merci PN.

 

vaccelli anglore

6 Les Bérioles - IGP Val de Loire La Chabanne 2019 : (pinot noir, à St Pourçain) coloré, assez puissant et mûr pour un pinot de St Pourçain, mais du volume, de la longueur, un joli vin, que certains auraient mis plus au sud, sauf PN qui a trouvé bien sûr... Bravo !

 

7 Château Mazeyres - Pomerol 2018 : un Pomerol nouvelle génération, peu boisé, fruits noirs assez mûrs et gourmands avec une belle trame acidulée derrière. Beaucoup sont dans le Languedoc à l'aveugle ! Belle surprise pour tout le monde.

 

8 Henri Chauvet - Vie Ordinaire 2022 : (pinot noir) pinot éclatant, avec des fruits rouges presque exotiques, un fond fumé, une bouche fraîche et texturé à la fois. Il ne craint pas de passer derrière un Pomerol. Merci R.

 

9 Cassagne & Vitailles - Les Célis Vin de France 2021 : (100% grenache) grenache rond, infusé, soyeux, peut-être un peu lissé par l'élevage, mais ultra gourmand, fleuri, déjà superbe en l'état. 

 

10 Xubialdea - Irouléguy blanc Ardan Harri 2020 : on ressort les blancs pour le fromage, nez un peu noisette, déjà évolué, bouche très fraîche, minérale, énergique, belle finale salivante. Bel accord sur le brebis. Merci B.

 

11 Bordaxuria - Irouléguy blanc Erotik 2021 : semblait un peu plus mûr et chaleureux derrière, mais plus de matière, un peu trop jeune mais un beau potentiel de garde ici.

 

12 Scagliola - Brachetto d'Acqui : on termine par une petite douceur, une bulle rose légère (l'équivalent du Moscato d'Asti en rouge), sucrée, simple, qui glisse comme un bonbon.

 

celis chauvet

 

 

Merci à tous pour cette soirée une nouvelle fois très conviviale ! A la semaine prochaine pour les Champagnes !

 

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16 novembre 2023

Vins des Côtes d'Auvergne : Essai de synthèse et Visites de domaine

 

Vins des Côtes d'Auvergne : Essai de synthèse et Visites de domaine

 

paysage auvergne

 

 

Tout a commencé lorsque quelqu'un me demanda « Ca ressemble à quoi un Côtes d’Auvergne ? ». Je me suis alors rendu compte que j’étais incapable d’apporter une réponse précise. Bien sûr, pour les autres régions et les autres AOC, la réponse est tout aussi complexe et toujours multiple. Mais il y avait là quelque chose de différent : est-ce que je connais si bien que cela les vins de ma propre région ? Si j’ai suivi des cours, lu des bouquins, assister à des masterclass sur les grandes régions du monde, ça n’a jamais été le cas pour l’Auvergne. Est-ce que je ne connais pas mieux la Grèce, le Portugal, la Suisse... où je n’ai jamais mis les pieds, que l’Auvergne où je vis ? On se dit qu’on est dedans, que ce n’est pas loin, qu’on connait déjà, et au final on ne finit jamais le travail.

 

Je déguste des vins d’Auvergne régulièrement, je connais les vignerons que je croise souvent, les villages, le relief… Mais les dégustations sont souvent rapides, les discussions aussi, puis elles ne tournent pas toujours autour du vin à proprement parler. J’ai finalement passer peu de temps avec les vignerons chez eux et dans leurs vignes.

 

Voici ce à quoi je voudrais absolument remédier, en prenant le temps d’aller visiter tous les vignerons qui voudront bien me recevoir, avec comme point d’orgue une dégustation des meilleurs vins au printemps 2024.

 

Mais avant cela, revenons sur les bases des vins d’Auvergne, en suivant le même protocole que sur les autres régions.

 

 

Côtes d'Auvergne : Essai de Synthèse

carte rvf côtes d'auvergne

 

  

Le site officiel de l'AOC nous donne les chiffres suivants :

  • Superficie totale : 400 hectares sur 53 communes (80kms de long par 15 kms de large)
  • 45000 hectares vers 1895 ! (Source Le R&B n°106) 
  • Appellation AOC Côtes d’Auvergne : 267 hectares
  • IGP : 71 hectares
  • Vin de France (VSIG) : 50 hectares
  • Parcelles familiales en amateur : 50 hectares
  • 40 caves particulières et 70 apporteurs à la coopérative de Saint-Verny
  •  

L'AOC a été obtenue en 2010. Elle autorise 5 Dénominations géographiques complémentaires : Madargue, Châteaugay, Chanturgue, Boudes en rouge, et Corent en rosé uniquement. Ce sont les coteaux sud où historiquement le raisin mûrissait bien mais cela mériterait probablement d'être revu... Si Corent tient sa réputation de son coteau sud par exemple, il est amusant de constater que les vins les plus intéressants aujourd'hui sont les rouges de la face Nord.

 

Cépages : chardonnay obligatoire pour les blancs. En rouge et rosé : Gamay (50% minimum) + pinot noir comme cépage accessoire. L’INAO permet des expérimentations à hauteur de 5% de l’encépagement et 10% des assemblages. (Source RVF n°669)

 

Production : 66% de rouge, 17% rosé, 17% blanc.  Rendement max 55HL/ha (52 pour les DGC). (Source RVF n°669)

 

Climat : semi-continental. Hivers rudes, été chauds, avec une forte amplitude thermique entre le jour et la nuit (bonne maturation des baies tout en préservant de l'acidité). Les côtes d'Auvergne sont en plein "effet de Foehn" : la chaîne des Puys forme une barrière protectrice contre les pluies de l’Ouest. Précipitations moyennes à Clermont-Ferrand : 650 mm/an (faibles) et ensoleillement moyen de 2000heures/an.     

 

Géologie (Source COAM) : 

Ere primaire : création du socle ancien de granit (refroidissement du magma sous l’eau).

Eres secondaire et tertiaire : sédiments marins et détritiques qui se déposent donc du calcaire et de l'argile.

Eres tertiaire et quaternaire : plissement alpin avec soulèvement du Massif Central et création des plaines.  L’activité volcanique crée des coulées de lave et des sols de basalte. Les rivières creusent les vallées et déposent des alluvions. Dans certaines zones l’érosion ramène le granit en surface.

      

 

les unites geologiquesSource COAM

 

 

Donc des sols sédimentaires dans les plaines, argilo-calcaire, favorables au pinot noir.

Plutôt granitique ou basaltique en coteaux. favorables au gamay.

Le basalte a une certaine porosité, il laisse filtrer l’eau, donc moins de stress hydrique. Sa couleur noire attire le soleil d'où une meilleure maturation des baies.

On distingue généralement le basalte (issu d'un magma refroidi rapidement), les pépérites (lorsque le magma remonte et rencontre les eaux souterraines, il forme une roche aux grains brunâters), la pouzzolane (alvéoles rouges ou noirs issues de projection de lave) et la pierre ponce (roche volcanique très poreuse).

Les plus belles parcelles sont sur les coteaux (350-550m) : la pente engendre un meilleur ensoleillement et un meilleur drainage de l’eau.

Attention que les sols volcaniques ne sont pas majoritaires en Auvergne.

 

 

 

Les 5 Dénominations Géographiques du Nord au Sud (Source: Site officiel de l'AOC) :

- Madargue : (350-420m d'altitude. Gamay et pinot noir) Sol à tendance silicieux, affleurement granitique, terres blanches (calcaires) pauvres en humus.

 

- Châteaugay : (Gamay et pinot noir. Exposition Sud-Est) Sol constitué par une coulée basaltique, cendres volcaniques (pépérites) sur sol argilo-calcaire.

 

- Chanturgue : (Gamay et pinot noir) "Cantalo" en celtique signifie brillant et bien visible. Fortes pentes (plus de 25%). Flancs argilo-calcaires protégés de l'érosion par les coulées basaltiques.

 

- Corent : (Gamay et pinot noir. 400-500m d'altitude) Vignoble sur les flancs d'un volcan. Sol argilo-calcaire au sud et basaltique au nord avec des affleurements de pouzzolane.

 

- Boudes : (Gamay, pinot noir) Vaste coteau calcaire protégé à son sommet par une coulée basaltique.

 

 

 

A noter aussi l'excellent travail du Conservatoire des Cépages d'Auvergne qui abrite : • Canari Noir (Damas noir) • Chanis gris • Chatus Noir • Corbeau Noir • Epinou Noir • Gamay Bouze Noir • Gamay Fréaux Noir • Gamay Noir à jus blanc • Gouais Blanc • Grec rouge • Inconnu des roussilles (à préciser) • Limberger Noir • Mondeuse Noir • Muscat à petits grains blanc • Noir Fleurien Noir • Petite Syrah Noir • Pinot Noir • Portugais Bleu Noir • Sauvignonasse Blanc • St-Pierre Dore Blanc • Valdiguie Noir • Syrah

 

 

Bibliographie :

- RVF n°669 avril 2023

- Le Rouge et le Blanc n°106 (2012)

- Site officiel Côtes d'Auvergne.com

- Entre les Vignes n°2 avec les Vignerons nature d’Auvergne

- Le Vignoble des Côtes d'Auvergne, une nouvelle AOC. Denis Couderc et Pierre Soissons

 

15 novembre 2023

Visite au domaine Les Chemins de l’Arkose à Montpeyroux

 

Visite au domaine Les Chemins de l’Arkose à Montpeyroux

 

Pour le coup j'ai l'impression de déjà bien connaître les vins d'Yvan chez qui j'ai eu l'occasion d'aller plusieurs fois ces dix dernières années. Ce sont pour moi des valeurs sûres si on cherche du bio, pas tout à fait nature mais presque (une dizaine de mg à la mise en moyenne), propres, de bon rapport qualité/prix, et dans un style un peu "rustique" dans le bon sens du terme : des vins de terroir et de caractère. Je dois avouer que je n'avais pas forcément prévu de repasser chez Yvan et Audrey jusqu'à ce que j'apprenne par hasard dans le Rouge et le Blanc qu'ils travaillaient une vigne d'hybride ! Et je ne regrette pas du tout ma visite, bien au contraire, puisqu'en plus des hybrides j'ai eu la bonne surprise de voir un nouveau chai et des nouvelles cuvées. Ici aussi ça bouge, ça se remet en question et ça progresse constamment.

 

 

Yvan Bernard s’est installé sur le village de Montpeyroux en 2001. Il s’est officiellement associé avec Audrey Baldassin (déjà employée au domaine depuis quelques années) en janvier 2021, d’où le nouveau nom du domaine : les Chemins de l’Arkose. Le domaine est certifié bio depuis 2009, et certifié en biodynamie par Demeter depuis 2021.

 

 

Il possède désormais 13 hectares + l’équivalent de 4ha environ en négoce :

1/3 sur Montpeyroux/Authezat/La Sauvetat 

1/3 sur Corent : un peu à l’est, au Nord, au sud (mais les vignes du sud vont être arrachées, replantées au nord)

1/3 sur Blanzat/Sayat : des gamays et quelques pinots qui donnent principalement la cuvée le Clos, rachetés plus récemment à JP Prunière.

 

 

Une nouvelle cave vient d’être construite sur Montpeyroux-Ouest avec plus d’espace, il y aura la possibilité de faire un petit caveau de dégustation face aux vignes, une petite chambre à l’étage et une salle de réception.

nouvelle cave chemins de l'arkose

pinots noirs montpeyroux

 

 

Les 2023 ont été vinifiés dans le nouveau chai. « On commence à apprendre ce qu’il y a comme levures. Tout a été fait en levures indigènes, ça s’est bien passé. Ça a moins patiné qu’en 2022, on n’a pas pris de volatile cette année. On a tout de même préparé des pieds de cuve une semaine avant les vendanges pour être tranquilles. »

 

 

Quelques 2023 sur cuve

nouvelle cave Yvan

 

L’autre rive chardonnay : (négoce, à Dallet. Achat de raisins bio à de jeunes viticulteurs qui autrefois vendaient à la coopé. Depuis 3ans les raisins sont vendus à Yvan et à Patrick Bouju. Sols calcaires et basaltes. Expo Nord-Ouest, ça regarde Pont-du-Château. Vignes de 10ans. Parcelle solaire, mais il y a eu de l’eau ici contrairement à Montpeyroux) chardo assez floral, vif, fruité, manque un peu de tension en 2023 mais facile à boire.

 

Au pied du mur chardonnay muscaté : (parcelle d’à côté, 10ans aussi environ. En 2023 la moitié a fait une macération de 6 jours) un chardo qui sent en effet bien le muscat au nez. La bouche n’a pas une grosse acidité en 2023, mais la macération emmène du peps avec une finale sur les amers, pas trop tannique non plus.

 

Aligotés plantés sur Corent Nord il y a 4ans (vont remplacer l’aligoté de négoce Fleuve tranquille. 2023 sera le premier millésime) non goûté.

 

Oppidum (chardonnay Corent sud pour le moment) : non goûté.

 

Les Dômes rouge 2023 : (tous les gamays de Corent, surtout des gamays d’Auvergne, Corent Nord et à peine à l’Est. En semi-carbo) Coloré en 2023, très juteux, plein de fruit, belle acidité derrière, se goûte déjà très bien, presque prêt. Délicieux. « Sur cette cuvée il faut ramasser à la limite de la sous-maturité ». Ça + Corent Nord aujourd’hui ça permet vraiment de trouver un bel équilibre sur les millésimes chauds.

 

Le Clos lot 1 : (gamays du Beaujolais plantés à Blanzat en 2000 et quelques pinots. Ici c’est solaire, plus marneux) Couleur très noire, le nez fait syrah je trouve, fruits noirs, presque lardé. Bouche mûre, large, puissante, mais bien faite, qui ne tombe pas dans le trop confit. C'est bon, mais il faut savoir à quel type de vin s'attendre.

 

Le Clos VV : (« ça ira en demi-muids bientôt, je verrai ensuite si j’assemble ou non avec le précédent ». Veux gamays d’Auvergne des années 50 avec quelques hybrides, des teinturiers, des chasselas, « à l’ancienne ». Vinifié à la Jacques Néauport en millefeuilles, une couche égrappé/une couche grappe entière. Macération plus longue, 20jours) Couleur plus violacée mais plus claire, bouche plus tendue, moins large, acidité plus haute, impression minérale, une finale qui allonge beaucoup plus, sur des tannins un peu serrés mais ça pousse très loin. « Les vieux gamays d’Auvergne, sur nos terroirs, c’est autre chose que les gamays Beaujolais ! »

 

Pinots d’Authezat, Vieilles vignes, jus de goutte : (en 2023 il a fallu s’adapter, mettre beaucoup de grappe entière notamment, les gouttes sont vinifiées à part cette année, on verra à la fin…) un jus étriqué, serré, compliqué en l’état.

 

 

 

Et les hybrides ?

 

Pour les plus motivés quelques pistes de lecture/visio : Vitis Prohibita, documentaire de Stéphan Balay (2019), Pascaline Lepeltier, Mille Vignes (2022), Valentin Morel, Un autre vin, comment penser la vigne face à la crise écologique (2023) et surtout Le Rouge et le Blanc n°144 (2022).

 

Pour faire simple : un hybride est un croisement d'une vigne européenne (vitis vinifera - quasiment tous nos cépages aujourd'hui) avec une vigne américaine le plus souvent (vitis riparia, rupestris, berlandieri, labrusca - que nous connaissons très mal...). Au 19e siècle, pour tenter d'améliorer nos rendements, nous avons importés, entre autres, des cépages américains qui portaient sur eux le mildiou, l'oïdium (des champignons) puis le phylloxéra (un puceron). Ces cépages-là s'étant acclimatés au fil du temps, ils sont, eux, résistants. Le vignoble européen est entièrement détruit, il faut trouver une solution : les vitis vinifera seront greffées sur des pieds américains. Jusque-là l'histoire est connue. Ce que l'on sait moins c'est que pendant longtemps, des cépages hybrides côtoient nos vitis vinifera. Au déut du 20e siècle près d'un tiers du vignoble français est en cépages hybrides et l'on a recensé près de 3000 cépages différents. Dans les années 1930, la France est en surproduction de vin : pour des raisons politiques l'Etat décide de garder toutes les vitis vinifera plantées dans nos colonies et interdit la commercialisation des hybrides. Puis dans les années 50, l'Etat doit rembourser les Etats-Unis (source : le documentaire Vitis Prohibita) : il décide de lui acheter des produits phytosanitaires à grande échelle, il fait la promotion des vitis vinifera très sensibles au mildiou et à l'oïdium et demande l'arrachage des cépages résistants ! Il faut trouver une raison : on prétexte donc un fort taux de méthanol qui rendrait fou. La mauvaise réputation est faite ; les vitis vinifera et les produits chimiques l'ont emporté. Depuis quelques années certains hybrides ont été autorisés à nouveau, hors AOC bien évidemment...

 

 

Qu'en pense Yvan ? Comme Valentin Morel, son combat ce sont les traitements : " En 2023 je finis à 11 traitements cuivre/soufre, environ 3,5kg/ha, si tu ajoutes le coût des produits phyto qui n'arrêtent pas d'augmenter, l'essence pour le tracteur, le temps et l'énergie que ça coute, c'est plus possible ! " On sait aujourd'hui que sur le long terme la "bordelaise" est mauvaise pour les sols et pour les eaux. "Tu peux pas traiter comme ça et te revendiquer bio/ écolo, tout faire pour te passer de SO2 en cave etc... il faut être logique, et agir". Le livre de Valentin Morel n'est pas sorti comme ça, les vignerons commencent à être nombreux à se poser les mêmes questions.

 

 

parcelle 5455

 

 

Voici la vigne de Plantet ou 5455. C'est une parcelle qui appartenait à la grand-mère d'Audrey qu'Yvan a récupérée il y a quelques années ((à l'époque il ne connaissait pas encore Audrey !). "Ca fait 25ares en tout, les vignes ont environ 70-80ans. C'est planté "à l'ancienne" en 10000 pieds/ha avec 2/3 de gamay dont quelques teinturiers parce qu'il fallait bien donner un peu de couleur au vin, quelques chasselas pour avoir du raisin de table et les 5 rangées les plus à gauche ce sont les hybrides. C'était l'assurance climatique. Même les années de gel ou les années où on n'avait pas le temps de s'occuper de la vigne ça donnait un bon rendement". La plupart sont en franc de pied, mais pas toutes, c'est pas évident de savoir exactement. En blanc ce sont des pieds qu'Yvan vient de remplacer. "Juste devant nous on est directement dans le caillou, l'arkose (roche diétritique issue du granit riche elle aussi en quartz et feldspath), la sécheresse de 2019 a eu raison de pas mal de pieds, au fond c'est plus argileux en surface, ça a moins souffert." Yvan fait quand même un labour, "on peut s'en passer à certains endroits mais ici c'est compliqué". Ce qui est replanté est greffé. En 2023 il sort 80hL/ha et un seul traitement. 

 

Voici ce qu'on peut lire du plantet sur les cépages.fr : "Cépage plantet ou 5455 Seibel aurait été obtenu par André Seibel au début du 20e siècle par un croisement de 4461 Seibel et d’un vitis berlandieri. Un seul clone agréé, le 1330. Avant 1960 il était le second HPD (hybride producteur direct - non greffé) le plus planté derrière le chancellor. Un cépage qui donne de gros rendements, riche en couleur, faible en tannins, avec une bonne acidité, aux arômes foxés."

 

Il y a une seconde petite parcelle comme celle-là avec du plantet et quelques pieds de chambourcin et de rayon d'or. Les nouveaux plants ne sont pas si difficiles que ça à trouver, les plantet proviennent de chez un papy en Haute-Savoie. "En cherchant et en discutant avec les collègues on trouve pas mal de variétés aujourd'hui".

 

A l'avenir Yvan a prévu de planter entre 0,5 et 1ha d'hybrides sur Authezat, avec peut-être 5-6 cépages différents afin de pouvoir faire des tests. Le but n'est pas forcément de passer tout le domaine en hybride. Mais un petit pourcentage, c'est un gain de temps, d'énergie, l'assurance que tu vas récolter, un gain financier donc, qui te permet de mieux t'occuper du reste. Ca permet de garder un prix de vente abordable sur la gamme. Ca permet aussi d'échanger les résultats avec les collègues, c'est comme ça qu'on pourra avancer.

 

 

Quid de la qualité des hybrides ?

Si tout le monde s'accorde sur les avantages écologiques et économiques des hybrides, le grand débat réside sur leur niveau qualitatif. D'après Yvan la mauvaise réputation des cépages résistants vient du fait qu'à l'époque on ne savait pas vinifier. "Va goûter les hybrides de Vin Nu dans la Creuse, ou ceux de Francis Rousset-Coteaux des Girondales en Haute-Savoie, notamment son Divico, un rouge originaire de Suisse et tu verras qu'il y a des vins excellents". Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd... Il faut bien avouer qu'on ne leur a jamais laissé leur chance : lorsque la bonne variété sera plantée sur le bon terroir avec des rendements relativement limités et des vinifs de qualité, nous verrons alors ce qu'il en est vraiment...

 

Le Plantet 2023 sur cuve : (vinifié en rosé, goûté sur une cuve qui a fini de fermenter, elle sera assemblée avec une cuve en fermentation, le tout mis en bouteille à 15gr de SR restant pour finir la fermentation et faire un pét' nat' rosé, la cuvée 5455) Couleur rose-framboise, nez fruité, framboise, fraise, assez classique au sens où il n'y a rien de très différent d'une vitis vinifera, absolument rien de foxé. Idem en bouche, c'est très bon, très fruité, pas trop d'alcool, une bonne fraîcheur dans le fond, très bon et très gourmand, on pourrait presque l'embouteiller comme ça. 

 

 

Alors est-ce que les hybrides sont l'avenir du vin ? Je dois avouer que je n'en sais rien du tout, mais plus je m'intéresse au sujet et plus je trouve que les partisans de ces cépages résistants ont d'excellents arguments.

 

 

Un grand merci à Yvan pour le temps accordé et pour toutes ces discussions. Ici, le bio c'est un état d'esprit et une façon de vivre au quotidien. D'ailleurs il paraît que l'on parle de plus en plus de l'irrigation dans les Côtes d'Auvergne ! Quel scandale ! Encore une raison de plus de mettre en avant les hybrides qui eux n'ont pas besoin d'autant d'eau...

 

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